Sans rien changer, l’humanité disparaîtra en… 2050 !

En raison de la surexploitation chronique des ressources de la terre et de l’accroissement des inégalités, la civilisation risque l’effondrement d’ici à peine quelques décennies.

Telles sont les conclusions sans appel d'une très sérieuse étude scientifique effectuée par le Goddard Space Flight, un important laboratoire de recherche américain financé par la NASA**. Cette étude multidisciplinaire se base sur la dynamique historique qu’entretiennent les civilisations par rapport à la nature et au sein de leurs structures sociales.

Les chercheurs ont ainsi mis en évidence les raisons qui ont contribué à la chute des civilisations au cours des cinq derniers millénaires. Si, une série de facteurs, liés entre eux, : climat, population, eau, agriculture et énergie convergent ensemble vers une rareté des ressources provoquée par une trop grande pression exercée sur les capacités de la nature et une stratification économique entre riches et pauvres, ils peuvent mener à un effondrement de la civilisation. Ces phénomènes combinés ont toujours joué un rôle central durant les cinq mille dernières années, concluent-ils.

Ces accablants résultats constituent un signal d'alarme de plus mais la surexploitation de la majorité des ressources terrestres vitales pour la survie de l'humanité devient, hélas, chaque jour plus évidente.

Selon le Global Footprint Network, qui regroupe des scientifiques, des universitaires, des municipalités et des entreprises de partout dans le monde, le déficit écologique* annuel de l’humanité survient de plus en plus tôt chaque année. En 2013, il est survenu le 20 août. En 1993, (20 ans avant), ce point de dépassement n'avait été atteint que le 21 octobre. Au rythme actuel, le Global Footprint Network évalue que la demande de l’humanité en ressources et services écologiques exigerait une fois et demie la capacité de la Terre pour être satisfaite… si ces tendances persistent, nous aurons besoin de deux planètes en 2050 et si tous les Terriens consommaient comme actuellement les Canadiens, il faudrait trois planètes et demie…

Les pêcheries mondiales offrent un bon exemple : il pourrait être impossible d’exploiter commercialement les poissons des océans d’ici 2050, dénonce le Programme des Nations unies pour l’environnement… De plus, les bouleversements climatiques provoqués par l’activité humaine risquent d’aggraver la situation : les scientifiques prédisent des effets irréversibles sur la biodiversité mondiale, un accroissement du niveau des océans qui affectera de plus en plus de populations côtières ainsi que des phénomènes météorologiques extrêmes et violents plus fréquents. Selon la Banque mondiale, si le réchauffement planétaire poursuit sa lancée, de graves pénuries alimentaires sont à prévoir, risquant d’aggraver la faim dans le monde. Malgré une croissance exponentielle de la production agricole et une kyrielle d’engagements politiques, ce fléau n’a pratiquement pas reculé et les stratégies déployées, en plus de lamentablement échouer, ont contribué nuire à l’environnement, rappelle Olivier De Schutter, rapporteur de l’ONU pour le droit à l’alimentation.

Devant une telle perspective, les citoyens les plus privilégiés restent toutefois les plus récalcitrants à tout changement, indiquent les chercheurs. Personne ne renonce spontanément à une habitude très confortable pour lui.

En effet, ils sont moins affectés par la détérioration de l’environnement que les plus démunis. Ils peuvent donc se contenter de ne rien faire, ni changer pendant beaucoup plus longtemps avant d’être forcés d’agir. L’étude souligne cependant que le développement n’est absolument pas une assurance contre le pire : les changements technologiques augmentent l’efficacité des ressources mais engendrent déchets et surconsommation, insistent-ils.

Tout en prévenant, qu'en l’état actuel des choses, l’effondrement paraît, difficile à éviter, les scientifiques mettent l'accent sur la nécessité urgente de réduire considérablement la consommation des ressources naturelles en s’appuyant sur l'exploitation moins intensive de richesses renouvelables. Ils recommandent également une croissance moindre de la population et une (re)distribution moins inégalitaire… 

*Moment où la population mondiale a consommé l’ensemble des ressources que la planète pouvait produire pour l’année en cours.

**À paraître dans le Elsevier Journal Ecological Economics