Forbidden stories : protéger, continuer et publier le travail des journalistes en danger
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- Catégorie : Changeons le monde
- Publié le Vendredi, 03 Novembre 2017 12:11
L’ambition n’est pas d’éliminer la censure mais si un journaliste meurt, à l’autre bout du monde, c’est l’affaire de tous.
Les journalistes qui le souhaitent nous
laissent des éléments de leurs enquêtes mais également les instructions à
suivre si jamais ils ne donnent plus de nouvelles, explique Laurent
Richard, à l’origine de Forbiden Stories.
Ce n’est pas un testament, insiste Laurent Richard. Dans de nombreux pays où la liberté de la presse n’existe pas, les journalistes sont souvent très seuls. Nous voulons recréer du lien.
N’importe lequel ou laquelle, à travers le monde, peut transmettre ses informations de manière anonyme. Forbidden Stories poursuivra le travail si le journaliste disparaît.
Les réseaux sociaux comme arme pour médiatiser les affaires
Attirer l’attention sur les assassinats des journalistes, savoir sur quelles enquêtes sensibles ils travaillaient, c’est exercer une forme de pression médiatique sur la justice locale pour qu’elle élucide les faits, affirme Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières qui soutien le projet.
Depuis 10 ans, près de 700 journalistes sont morts en faisant leur métier
En suivant les enquêtes des journalistes menacés ou tués, Forbidden Stories espère en finir avec l’impunité des crimes et faire progresser la liberté d’information. La journaliste tuée parce qu’elle enquêtait sur la corruption à Malte, la pollution environnementale en Inde sont des sujets qui nous concernent tous, estime-t-il. Les vidéos seront traduites dans plusieurs langues afin d’augmenter leur impact.
Pour son lancement, Forbidden Stories met l’accent sur les travaux de 3 journalistes mexicains récemment assassinés…
Notre mission consiste aussi à donner envie aux autres organes de presse de poursuivre les enquêtes, insiste Laurent Richard.
Jamais la liberté de la presse n’a été aussi menacée, informe RSF, précisant que sur 180 pays, 72 connaissent une situation difficile ou très grave.
Le classement de la liberté de la presse prend en compte plusieurs critères : exactions ou violences envers les journalistes, leur indépendance, le pluralisme des médias, le cadre législatif, mais aussi les journalistes blessés ou tués sur le territoire. La France se positionne à la 39e place du classement et gagne 6 places depuis 2016. Pourtant, la situation n’a jamais été aussi mauvaise depuis 2013.
Une bonne nouvelle pour la liberté de la presse hexagonale ? Pas forcément…
Si la France remonte dans le classement, cela ne signifie pas pour autant que la liberté de la presse s’est améliorée notablement. La progression est principalement mécanique, après la chute exceptionnelle de 2015 avec la tuerie à la rédaction de Charlie Hebdo.… Et, aucun journaliste n’a, heureusement, été tué en France en 2016 !
Mais certains responsables politiques n’hésitent pas multiplier les attaques verbales contre les médias menteurs, et il devient normal d’insulter les journalistes, de les faire siffler lors de meetings quand ce n’est pas l’exclusion totale, souligne le rapport de RSF.
D’autre part, le nombre des propriétaires de médias se réduit, aggravant ainsi la dépendance aux pouvoirs politiques et économiques, explique RSF qui dénonce une concentration malsaine où le risque de conflits d’intérêts est croissant. A titre d’exemple, l’industriel breton Vincent Bolloré n’a jamais caché son intention de peser sur les contenus éditoriaux des supports de son groupe, Vivendi.