Saint-Quentin-Fallavier : attentat ou assassinat ?
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- Catégorie : Actualité France
- Publié le Lundi, 29 Juin 2015 08:58
Un chef d’entreprise est mort décapité dans un attentat présumé djihadiste ce vendredi 26 juin vers 9h30 contre un site industriel classé Séveso*, appartenant au groupe américain Air Products, à Saint Quentin Fallavier en Isère entre Lyon et Bourgoin-Jallieu.
La décapitation, pratique fréquente en Syrie et en Irak par l'EI, est une première en France lors d'une attaque terroriste.
Le tueur présumé, identifié comme Yassin Salhi, 35 ans, chauffeur livreur, est arrivé à bord d'une camionnette muni d’un laisser-passer pour accéder à l'usine. Il a ensuite foncé sur un important stock de bonbonnes des gaz provoquant une énorme explosion, selon un riverain. Yassin Salhi a alors tenté d'amorcer une autre explosion en ouvrant des bouteilles d'acétone mais 2 pompiers envoyés sur place l'ont maîtrisé, avant de le remettre aux gendarmes qui ont découvert le corps décapité du chef d’entreprise puis sa tête accrochée au grillage d'enceinte, entourée de 2 drapeaux islamistes mais aucun n'est celui d'Al Quaïda ni de l'EI…
Aucune des 43 personnes présentes du site n'a été blessée mais certaines ont été choquées et une assistance psychologique a été mise en place.
Yassin Salhi n’avait pas de casier judiciaire mais il est connu pour ses liens avec le groupement salafiste, des musulmans sunnites radicaux.
Yassin Salhi a été transféré dimanche en fin de journée vers le siège de la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire (SDAT) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Revêtu d'un gilet pare-balles, la tête couverte d'un tissu blanc, il est brièvement apparu dimanche lorsqu'il a été conduit pour une perquisition et pour récupérer son passeport à son domicile de Saint-Priest, près de Lyon. Il était entouré de policiers cagoulés et armés.
Mise en scène avec une connexion syrienne
Yassin Salhi avait gardé le silence jusquà samedi. Il a désormais avoué avoir assassiné son employeur, Hervé Cornara, 54 ans, sur un parking. La tête décapitée de la victime avait a été utilisée pour signer le crime : impressionner, signifier la vengeance face à l'humiliation subie, a-t-il justifié par l'intermédiaire de son avocat. En effet, 2 jours auparavant, Yassin Salhi, employé dans l'entreprise depuis mars, avait fait tomber une palette de matériel et avait alors eu une altercation avec son patron…
Les enquêteurs ont découvert dans le téléphone portable de Yassin Salhi un selfie avec la tête de la victime. La photo a été envoyée à un correspondant via une application de messagerie instantanée vers un numéro canadien mais les enquêteurs pensent avoir identifié un djihadiste français présent dans les zones de combats et répertorié parmi les 473 djihadistes français actuellement sur place. Cet homme, prénommé Sébastien-Younès est originaire de Vesoul. Il est parti en novembre 2014 en Syrie, rejoignant le secteur de Raqa, où il combattrait dans les rangs de l'organisation État islamique.
Yassin Salhi, avait été fiché de 2006 à 2008 par les services de renseignement puis de nouveau repéré entre 2011 et 2014 pour ses liens avec le groupe salafiste lyonnais.
Il s'était radicalisé à Pontarlier, sa région d’origine, au contact d'un homme soupçonné d'avoir préparé des attentats en Indonésie avec des militants d'Al-Qaïda. Rien ne permet d’affirmer pour l’instant qu’il se serait lui-même rendu en Syrie.
Des fleurs ont été déposées devant les grilles de l’entreprise où le meurtre a été commis.
200 personnes se sont rassemblées dimanche en fin d'après-midi devant la mosquée de Villefontaine (Isère) pour condamner l'attentat diabolique de Saint-Quentin-Fallavier. C'est d'abord notre communauté musulmane qui en pâtit !, a déclaré le recteur Ahmed Hamlaoui de la mosquée locale, appelant à combattre les amalgames, assurant qu’il n'y a pas de confits entre les religions, ni entre les civilisations en réponse en réponse aux propos de Manuel Vals mettant en garde contre une menace terroriste majeure avait parlé de guerre de civilisation, 6 mois après les attentats de janvier contre Charlie Hebdo, des policiers et un supermarché casher. Ces gens-là sont des terroristes qui ont trahi le message essentiel de l'islam, a renchérit Azzedine Gaci, recteur de la mosquée de Villeurbanne (Rhône).
L'émotion ne peut pas être la seule réponse. C'est l'action, la prévention, la dissuasion. Et donc la nécessité de porter des valeurs et de ne pas céder à la peur, jamais, et d'être à la hauteur de toutes les circonstances, ne pas créer de divisions inutiles, de suspicions qui seraient intolérables. Bref, de faire le travail que les Français attendent de nous : les protéger, et en même temps établir la vérité, éradiquer les individus qui sont responsables de tels actes, a réagi François Hollande.
*Suite à la catastrophe de Seveso due à la pollution à la dioxine, les Etats européens ont réalisé qu’il était nécessaire de renforcer le contrôle et la surveillance des pouvoirs publics sur les activités industrielles présentant des risques technologiques majeurs
Les Directive Seveso 1982, puis Seveso 2000, ont imposé de répertorier toutes les installations dangereuses selon le degré des risques susceptibles d’entraîner. Des plans d’urgence interne et externe doivent être établis des personnes compétentes doivent prendre immédiatement les bonnes décisions en cas d’accident. Des Plans de prévention des risques technologiques (PPRT), permettant si nécessaire d’exproprier les habitants des zones les plus dangereuses et obligent les entreprises industrielles à réduire les risques à la source. La population également être informée des activités de l’usine.
La réglementation s’applique au stockage, à l’utilisation de matières dangereuses : explosifs, élimination des déchets notamment nucléaires.
En France, il existe deux seuils de classement selon le degré de dangerosité des sites : Seveso seuil bas : risque important, concerne plus de 500 établissements et Seveso seuil haut : risque majeur, concerne plus de 600 établissements, dont une vingtaine de stockage souterrain de gaz.