Dimanche 15 septembre, Damas a qualifié
de victoire pour la Syrie, l'accord russo-américain
signé entre John Kerry et Sergeï Larov à Genève ce samedi sur son arsenal chimique.
Nous acceptons le plan russe de nous
débarrasser de nos armes chimiques. Nous avons en fait commencé à
préparer notre liste, a affirmé le ministre de l'information,
Omrane Al-Zohbi. Le
régime de Bachaar al Assad a également assuré qu'il se
conformerait aux décisions des Nations Unies.
Samedi, l'ONU a
formellement accepté la demande d'adhésion de la Syrie à la
convention de 1993 interdisant les armes chimiques. Le processus de démantèlement doit
être fixé dans une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU
mentionnant le chapitre VII de la charte, qui ouvre la voie à de
possibles sanctions, y compris un recours à la force en cas de
manquement du régime à ses engagements.
Pour les Etats-Unis, l'accord a éloigné
la menace de frappes militaires. A la veille de la remise du rapportsur l'utilisation des armes chimiques au Conseil de sécurité de
l'ONU, ils estiment à 45 le nombre de sites liés à l'arsenal et,
comme la Russie, évaluent le stock syrien à 1 000 tonnes.
La France tiendra compte du rapport
des inspecteurs des Nations Unies sur le massacre de Damas pour
arrêter sa position, a
déclaré le ministre
français des Affaires Etrangères, Laurent Fabius.
L'option militaire doit demeurer,
sinon il n'y aura pas la contrainte, a renchéri pour sa part
François Hollande, lors d'une interview au JT de TF1 à 20h,
hier.
Cependant les experts demeurent
extrêmement dubitatifs sur les conditions du démantèlement de
l'arsenal chimique syrien qu'ils jugent fantaisistes. Olivier
Lepick, spécialiste de la Fondation pour la recherche stratégique,
dont le siège est à Paris, estime
que l'accord de Genève préserve les intérêts des
Russes et des Américains
et résume ses doutes ainsi : la destruction de
l'arsenal chimique pour novembre 2014, compte tenu de la guerre
civile, je n'y crois pas ! Dans une situation de paix, il
faudrait plusieurs années et la Syrie n'a aucune infrastructure pour
le faire… Il faudra construire une usine, sans doute à plusieurs
centaines de millions de dollars, poursuit-il.
Selon David Kay, ex-responsable de
l'inspection des armes en Irak lors de l'intervention américaine en
2003, réunir une équipe d'inspecteurs compétents ne sera pas
facile non plus. Il faut trouver des gens qui comprennent la
fabrication des armes chimiques et le désarmement…Certains ne
voudront pas aller dans une zone de combats, a-t-il indiqué sur
CNN.
D'ailleurs, les Etats-Unis et la
Russie n'ont pas encore fini de détruire leurs propres
stocks, malgré les milliards de dollars
investis depuis le milieu des années 1990, pour se conformer à la convention d'interdiction de 1993…